Aller au contenu

Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Juge de l’abandon par le consolateur !!!
« Et puisque ta prière, au fond de cette tombe,
« Comme un aigle blessé loin du Seigneur retombe
« Avant d’avoir franchi le gouffre spacieux,
« Juge de la distance où nous sommes des cieux !
« Oh ! pourras-tu dans l’ombre, où ta charité brille, .
« Des premiers-nés du mal te faire une famille,
« Et de notre calvaire atteindre les sommets ?
« Dans ton cœur de martyr, oh ! pourras-tu jamais,
« Soulevant les tourments dont j’ai forgé la chaîne,
« Prendre, pour ton amour, ma mesure de haine ?
« Pourras-tu, Dieu clément, forcer ta charité
« A changer l’avenir de notre éternité ?
« De tes flancs de Sauveur rouvrir la cicatrice ;
« Et, portant jusqu’à nous ton œuvre expiatrice,
« Dans les rouges sillons de tes mourantes chairs
« Trouver assez de sang pour laver les enfers ?…
« Fuis, le gouffre est trop grand pour que tu le remplisses !
« Satan a déposé le sceptre des supplices ;
« Mais dans les profondeurs des lieux où nous souffrons,
« La couronne du mal pèse sur tous les fronts.
« Va, je connais mes fils par leur nom d’anathème,
« Et ma main des forfaits leur versa le baptême ;
« Je les vois tous passer en remords sous mes yeux ;
« Nul n’est encor marqué d’un signe pour les cieux,
« Et du vin des fureurs nul encore ne sèvre
« L’intarissable soif de sa fumante lèvre ;
« Et nul n’a dépouillé son vêtement d’orgueil,
« Et de son Dieu perdu nul ne porte le deuil.
« Cesse d’interroger, descendu de ta gloire,
« Ce qu’il tient de blasphème au fond de leur mémoire !
« Fuis, tu succomberais… La mer d’iniquité,