Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/395

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Elle a penché son front sur la divine amante,
Presque autant que Marie en ses remords aimante.
Et le ciel de gémir et de crier sept fois :
« Laissez, laissez passer la mère de la croix,
« Qui porte sur son deuil, sur ses traits adorables,
« Toute la majesté des pleurs immesurables,
« Et vient, quand dans nos yeux la frayeur les tarit,
« Au pied du jugement prier pour Jésus-Christ. »
Elle avance à pas lents sous le profond nuage ;
La blancheur de ses mains illumine l’orage,
Et la terrible nuit qui, flottante, a jeté
Autour de Jéhova trois cieux d’obscurité.
Elle avance, elle avance, et les trois rangs funèbres
Des anges de la mort entr’ouvrent leurs ténèbres,
Et la foudre se range au saint des saints en feu,
Pour laisser s’approcher la mère de son Dieu.

« Seigneur, en Bethléem, notre ville chérie,
« L’enfant-dieu voulut naître et naître de Marie ;
« Voulut que l’Orient à genoux l’encensât,
« Mais surtout qu’une femme en ses chants le berçât ;
« Que pour le révéler brillât la sainte étoile,
« Mais surtout qu’une femme en pleurs, sous son long voile
« L’emportât au désert pour accomplir la loi,
« Et défendre l’enfant contre l’édit du roi.
« J’implore, en ce moment, votre grâce vivante
« Qui me lit de Jésus la mère et la servante.
« Oh ! Seigneur !!! par ce sein virginal, assez fort
« Pour enfanter neuf mois le Sauveur et la mort ;
« Par ce sein transpercé de la lance brûlante ;
« Ces pieds qui l’ont suivi sur la route sanglante,
« Aux rocs de Golgotha comme les siens blessés ;