Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/396

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« Ces yeux qui sous sa croix ne se sont pas baissés ;
« Par toutes mes douleurs, et par le grand miracle
« Qui de mon cœur de mère a fait son tabernacle,
« Vers notre unique enfant, expirant loin de nous,
« Laissez Marie encor redescendre à genoux,
« Et lui porter encor, quand sa voix les réclame,
« Les soins qu’avec respect l’ange cède à la femme.
« Ces soins, qui sont à moi, peut-on me les ravir ?
« Mes mains ont eu déjà l’honneur de le servir.
« Il les baisa souvent, et même, par sa grâce,
» Toujours de ces baisers elles gardent la trace.
« J’essuierai doucement la sueur de son front,
« A. l’heure de la croix mes bras le soutiendront.
« Oh ! laisse-moi descendre aux ombres éternelles
« Par les mille degrés des douleurs maternelles !!!
« Déchirer mes genoux aux échelons de fer,
« Et consoler celui qui console l’enfer.
« Que de ton jugement les arrêts sont sévères !
« Que ta large nuée enferme de calvaires !
« Tu comptas les soleils, mais pourras-tu compter
« Les mondes de tourments que tu viens d’enfanter ?
« Jamais nuit sur ton front ne fut plus ténébreuse !…
« Quand l’ange, me nommant du nom de bienheureuse,
« Vint m’annoncer un fils, ô juge redouté !
« A quel prix donnais-tu cette maternité ?
« A quel prix, Dieu terrible ! et pouvais-je donc croire
« Que mes pleurs suffiraient à noyer tant de gloire ;
« Et que mon sein un jour brûlerait, dans le ciel,
« La fleur qu’en s’inclinant vint m’offrir Gabriel ?

« Et toi, Jésus mon fils, au moins souffrons ensemble,
« Puisque le monde a dit : —La mère au fils ressemble. —