Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Comme une autre sentence est tombé de ma chair.
« Il est tombé sur eux, terrible, intarissable,
« Et rien n’en peut laver la pourpre ineffaçable ;
« Stygmate de vengeance et cachet de douleurs
« Qui scelle dans leurs yeux l’éternité des pleurs ;
« Grand fleuve descendu de mon bandeau d’épines,
« Roulant à flots pressés les colères divines ;
« Déluge de la croix d’anathèmes chargé ;
« Rouge Océan qui couvre un monde naufragé !…
« Non, je viens le reprendre aux douleurs de ce monde !
« Je plongerai ma main dans chaque plaie immonde.
« Je viens, Seigneur, je viens reconquérir ce sang
« Égaré dans sa route et qui manque à mon flanc ;
« Et qui remontera jusqu’à toi, Dieu sévère !
« Et qui doit de ton Christ compléter le Calvaire.
« Je viens le conquérir sur ces fils du trépas ;
« A sa sombre lueur je suivrai tous leurs pas ;
« Embrassant leurs tourments, penché près de leur couche,
« J’aspirerai longtemps sur leur ardente bouche,
« Victime défaillante et sauveur tour à tour,
« Ce formidable sang qu’ils ont bu sans amour.
« Et puis j’en verserai la coupe deux fois pleine,
« Comme les doux parfums de sainte Madeleine,
« Sur tes pieds, Sémida, sur tes pieds glorieux,
« Et ce sang ravivé, ruisseau mystérieux,
« Abreuvera de paix, de joie et d’innocence,
« Du mystique printemps la riche efflorescence.
« Le lys d’Eucharistie en des flots de fraîcheur
« De son pur vêtement baignera la blancheur.
« Dans la grande moisson plus de tiges brisées :
« Et ces gouttes de sang, ineffables rosées,
« Topazes de splendeur, perles et diamants,