Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/400

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« Sous son aile de feu quatre mille ans couva ;
« Il s’accomplit pour toi, pour toutes tes phalanges,
« Et pour ces (ils d’Adam qui manquent chez les anges,
« Esclaves qu’en mourant je n’ai pu délier :
« Laissant à mon banquet des places par millier,
« Parce qu’ils n’avaient pas donné la sainte obole,
« Ou de l’enfant prodigue aimé la parabole.
« Mes frères, je reviens !!! me reconnaissez-vous,
« Comme Thomas l’apôtre, à la marque des clous ?
« J’ai fui pour vous la myrrhe et les champs d’asphodèle.
« Fragile humanité si peu de temps fidèle !
« Fragile humanité ! bel arbre qui grandis ;
« Si peu de temps au sol du jeune Paradis !
« Arbre glorifié, mais dont les hautes branches,
« Entr’ouvrant pour le ciel leurs lys, leurs roses blanches,
« Ont poussé vers l’enfer des rameaux desséchés,
« Par l’ouragan du mal de leur tige arrachés ;
« Et qui n’ont pu renaître en la pure atmosphère
« Sous les vents printaniers qui soufflaient au Calvaire !
« Lamentables rameaux, feuillages vénéneux,
« Qui, dans le même champ des rameaux lumineux,
« Au soleil de l’amour ont gardé leur froidure ;
« Les pleurs de Christ n’ont pas ranimé leur verdure,
« Et je les ai vus tous, au lieu de refleurit,
« Sous mon sang rédempteur achever de mourir ;
« Et je les ai vus tous, dans l’heure solennelle,
« Montrer leur fruit impur à la nuit éternelle ;
« Et chaque feuille souffre, et brûle, et porte ici
« Une goutte de sang, comme elle morte aussi ;
« Morte pour le salut divin, mais qui rallume
« Aux cœurs des réprouvés le feu qui les consume.
« Et ce sang est le mien, ce sang, payé si cher !