Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/405

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Ecoutez, écoutez… l’hymne est plus doux encore ;
Le luth où vit son cœur en amour s’évapore ;
Il s’alanguit d’amour sous la coupe des bois ;
L’amour vient enflammer les perles de sa voix,
Et d’un chant plus ému bercer son lit de mousse,
Tandis que passe au ciel la lune aimante et douce.
Écoutez… Mais déjà les longs bras venimeux
Sur son aile amoureuse ont jeté tous leurs nœuds ;
Il ne peut échapper à l’étreinte subite,
Au tombeau des poisons où sa frayeur palpite.
L’ennemi monstrueux qui l’étouffé et le mord,
Lentement, sur son cœur, s’abreuve de sa mort ;
Chaque goutte de sang affaiblit l’harmonie
Qu’exhale en longs soupirs sa plaintive agonie,
Et rougit, en tombant, les lianes de fleurs
Où flotte le berceau de sa couvée en pleurs ;
Et le vent du soir pleure, et, de pitié saisie,
La fleur a refermé sa coupe d’ambroisie ;
Et la lune, attentive aux adieux gémissants,
Retire à l’arbre en deuil ses baisers pâlissants.

Enfin l’ange chanta, dans la haute demeure :
« L’agonie a passé pour toi sa troisième heure,
« Cette heure si féconde en douloureux bienfaits,
« Emportant dans son vol dix mille ans de forfaits. »