Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/404

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Qui du fleuve africain boit la tiède fraîcheur ;
Pour se gonfler de sang durant la nuit sereine,
Monstrueuse, elle fuit sa prison souterraine,
Et par d’obscurs sentiers vient à l’arbre chanteur,
Comme un spectre voilé sur les pas du bonheur.
Et cependant l’oiseau, palpitante merveille,
Chante, et des saintes nuits le temple se réveille ;
Et des brillants accords la chaîne de cristal
Suspend l’âme rêveuse au firmament natal.

Furtif, sans agiter, comme un chasseur habile,
Du grand arbre attentif le feuillage immobile,
L’insecte immonde et noir, et toujours attiré,
De rameaux en rameaux monte plus altéré.

Et le rossignol jette aux rives parfumées
L’essaim resplendissant des notes rallumées,
Ou le son fugitif, clair, immatériel,
Filant dans l’hymne pur comme une étoile au ciel ;
Souffle plein des secrets de la fleur solitaire ;
Ame qui vient chanter son bonheur sur la terre ;
Parfum vibrant, tombé du céleste encensoir,
Pour enseigner l’extase aux poètes du soir ;
Écho vierge et rêveur de la lyre bénie ;
Onde sonore où flotte un monde d’harmonie ;
Cantique tout-puissant, vive exclamation,
Hosanna solennel de la création !!!

Oh ! comme ont tressailli les lys bleus de la rive !!!
L’insecte immonde et noir monte encore… il arrive ;
Et le même rameau qui les porte tous deux
N’avertit pas l’oiseau de l’étranger hideux.