Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/408

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La pyramide en feu des dragonniers énormes,
Flambantes majestés de ces fumants déserts,
Vont tarir le nuage à la cime des airs.

Tels, les princes maudits dans les brûlantes salles,
Lèvent, géants de feu, leurs têtes colossales.
Les uns viennent gravir, fiers d’un titre imposteur,
Un trône dont leur crime a donné la hauteur ;
Et trouvant leur grandeur dans leur supplice même,
Montent avec orgueil à leur rang d’anathème.
D’autres se sont assis sous les lâches drapeaux
Dont une trahison leur conquit les lambeaux ;
Des perfides couleurs ils cachent leur supplice,
L’infamie à leur front tient lieu de cicatrice.
D’autres, prêtres menteurs, s’amoncellent, placés
Sur de fumants débris de temples renversés.
lit tous ces chefs hurlants, féodale anarchie,
Pour être les premiers de leur hiérarchie,
Se grandissent, jaloux de tout forfait rival,
Dans l’inégalité de l’empire du mal.
Et cependant chacun en frémissant se range
Sous l’homme couronné qui détrôna l’archange.

Au milieu d’un lac rouge et de feux écumant,
On lui jeta, pour trône, un mont de diamant
Porté par douze rois de l’enfer, qui sur terre
Avaient caché le meurtre en leur pourpre adultère.
Leur diadème d’or, de pointes hérissé,
S’enfonce dans leur front, d’un poids plus lourd pressé,
Quand le maître, écrasant les gémissantes arches,
Pose son pied de fer sur les trois mille marches.
C’est lui ; dans sa hauteur il se dresse puissant.