Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/411

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Il frémit, et son pied bat le mont qui chancelle :
Un flot de sang plus noir du front des rois ruisselle.
Son geste impérial, puissant, démesuré,
S’étend sur ses sujets ; son regard acéré
S’enfonce au cœur du sphinx ainsi qu’un fer de lance,
Et son cri foudroyant ramène le silence ;
Comme un bruyant orage en fureur déchaîné,
Par un coup de tonnerre est souvent terminé.

Quand la France en travail, et croyant grandir l’homme,
Se déchirait les flancs pour accoucher de Rome,
Ou venait, en champ clos, sous ses drapeaux flottants,
Jeter son gant de fer au spectre des vieux temps ;
Quand les pouvoirs tombaient, pour laisser la parole
Monter impératrice au nouveau capitole,
Et que son sceptre lourd, sur les peuples courbé,
Pesait plus à lui seul que tous les rois tombés ;
Au moderne Forum, quand des voix plébéiennes
Venaient entre-choquer leurs fureurs citoyennes ;
Quand Septembre de loin montrait ses deux bras nus,
Mirabeau dominait tous ces dieux parvenus.
Son souffle d’orateur emportait les couronnes ;
Du poids de la tribune il écrasait les trônes !
Retentissante encor de son long cri plaintif,
La Bastille croulait sous son ancien captif.
Lion démuselé, de sa tête arrogante
Sa fureur hérissait la crinière éloquente.
Sur l’orageux troupeau son ongle s’appuyait.
La foule palpitait muette… On le voyait
Heurtant tous les pouvoirs, démolis pierre à pierre,
Blesser du même bond Louis et Robespierre.
Masque cyclopéen de ce multiple acteur,