Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/410

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« Si devant ses pareils on fléchit les genoux,
« Combien faut-il de Dieux, pour combattre un de nous !
« Comme une feuille errante arrachée à sa tige,
« Je l’ai livré mourant au spectre du vertige ;
« Et je l’ai dépouillé de ce masque trompeur,
« De ce titre inventé pour absoudre la peur.
« Non, il n’est plus de Christ, plus de Dieu ; j en atteste
« Ceux qui vinrent creuser son sépulcre céleste.
« Dans l’abîme conquis à ton ambition,
« Pourquoi jeter toujours ces rêves de Sion,
« Idaméel ? pourquoi suspendre sur nos têtes
« Ce Dieu dont l’ombre immense obscurcirait nos fêtes ?
« L’espace délivré ne renferme que nous.
« Secouons le fardeau du fantôme jaloux,
« Et que, grandi d’orgueil, tout l’enfer s’abandonne
« Aux voluptés du mal que l’éternité donne. »

Alors tous : —Plus de Ciel, plus de Christ, plus de Dieu
Ils se sont élancés de leurs stalles de feu,
Traînant de leur supplice un lambeau pour parure.
La rumeur passe et court de torture en torture ;
Et dans leur folle joie apparaît leur douleur,
Crocodile endormi dans la savane en fleur.
Partout vole et s’étend l’athéisme farouche,
Monstre à l’aile inégale, au front bas, à l’œil louche,
Le seul que dans ses flancs l’enfer n’ait point produit !
Monstre né du chaos amoureux de la nuit.
Et les douze grands rois, saignant sous leur couronne,
Que de ses flots pesants le lac rouge environne,
Ébranlent sur leur tête, en reniant le ciel,
Le mont de diamant qui porte Idaméel.