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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/413

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« Qu’un bandeau de tourments couronne son amour,
« Et de son front de Dieu neuf fois fasse le tour !
« Cessez d’humilier mes victoires prochaines
« En rabaissant son sceptre au niveau de vos chaînes :
« La chaîne de Satan à peine suffira
« A serrer, sur ses flancs, le nœud qui l’étreindra !
« Car c’est le Christ, vous dis-je… Anne, Philon, Caïphe,
« Du temple aux sept flambeaux toi ténébreux pontife,
« Relisez sa sentence, et puis allez tous trois
« D’un rocher des enfers lui tailler une croix,
« Dont l’immense hauteur rapproche la victime
« Du ciel qu’elle a quitté pour visiter l’abîme ;
« Une croix, s’élançant de nos gouffres de feu,
« Taillée à la largeur des épaules du Dieu.
« Rendons-lui les honneurs qu’il obtint sur la terre,
« Et pour que rien ne manque au bienheureux mystère,
« Chargeons le sol maudit, avant sa passion,
« D’un Golgotha pareil à celui de Sion.
« Pour la fête sans fin qu’à ce Dieu je destine,
« Évoquons les palmiers en fleurs de Palestine ;
« De son temple aux enfers rallumons les trépieds,
« Que le même Cédron vienne laver ses pieds,
« Et donnons à sa croix ce splendide accessoire,
« De sa Jérusalem cadavre dérisoire !!!
« A l’œuvre, enfants du mal !… »

                                                       Et tous à flots pressés,
Pour le grand sacrilège en tumulte élancés,
Remuant, déchirant, déplaçant les entrailles
Du sol, d’où va sortir ce spectre de murailles,
D’une lave qui fume en tracent les contours.
Judas baise la place où jailliront ses tours.