Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/414

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Judas donne les plans des remparts que son crime
Au fond de sa mémoire à larges traits imprime ;
Déicide architecte, il marque chaque lieu :
Il vend Jérusalem, comme il vendit son Dieu !!!
Sa trahison avare aux enfers persévère.
On roule un mont plaintif que l’on taille en calvaire ;
Et Moloch vient rasseoir, dieu qui reprend son nom,
Sa majesté d’airain sur les rochers d’Hinnon.
Le Moria s’élève, et d’impures piscines
Abreuvent de poisons les profondes racines
Des pâles oliviers immobiles, de peur
D’effacer sur leurs troncs les gouttes de sueur.
Siloé de David ! tu gardes dans tes sables
Du psaume échevelé les pleurs intarissables !
Cénacle de l’agneau, tu te dresses, chargé
Du froment rédempteur par l’apôtre outragé !
On peuple de tombeaux la funèbre vallée.
Un démon vient jeter sur la roche ébranlée,
La tour d’Antonia qu’il porte dans sa main,
Et qu’assiégea trois jours tout l’empire romain.
Prends, ô Jérusalem, la pâleur de ta fête !
L’ombre du grand drapeau des maudits, sur ta tête,
Se balance, depuis la porte de Rama
Jusqu’aux rouges sillons du champ Haceldama.
Avec tes murs privés de dieu, de sanctuaire,
Toi, des miracles morts gigantesque ossuaire,
Apparais dans l’abîme en toutes tes douleurs,
Forme autour de tes flancs un Cédron de tes pleurs !
Comme si sur ses bords, devait, lugubre amie,
Venir s’asseoir en deuil l’ombre de Jérémie…

Mais tandis qu’on relève et tes tours et tes monts,