Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/416

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« Reine par un cercueil, au grand jour du remords
« Ton vallon sépulcral suffit à tous les morts : .
» Salut ! Jérusalem, toi, ma seconde mère,
« Toi, qui vins enfanter le Dieu sur le Calvaire.
« Que ton front était pâle et triste en ce moment,
« Et tout empreint de deuil pour ton enfantement !
« Mais aujourd’hui, plus pâle encore et plus glacée,
« Tu rouvres, dans la nuit, tes yeux de trépassée.
« Tu regardes mes fers en tressaillant d’effroi !
« N’es-tu pas préparée aux douleurs de ton roi ?
« Tu pleures dans l’abîme à côté de Gomorrhe :
« Remonte vers le ciel où mes élus encore
« Ranimeront pour toi les souffles odorants,
« T’ouvriront à genoux la blancheur de leurs rangs ;
« De tes pieds profanés essuieront la poussière
« Avec leurs cheveux d’or rayonnant de prière ;
« Te diront : — Parle-nous ; oh ! dis-nous s’il revient ;
« De ses anges aimés, dis-nous s’il se souvient.
« A-t-il beaucoup d’élus dans l’abîme, et d’apôtres
« A lui faire oublier l’amitié des douze autres ? —
« Et ma sœur Madeleine, avec un regard doux,
« Te dira : — Souffre-t-il comme autrefois pour nous ? —
« Et te voyant plaintive et sombre, mes phalanges
« Cacheront ta douleur sous leurs ailes d’archanges. »



Alors Idaméel : « Voilà Christ, fils de Dieu,
« Et Dieu lui-même ! .. » On vit un grand cercle de feu
Les entourer, semblable au cercle de magie
Que jette l’Émonide à la lune rougie.
On les vit s’aborder et se parler longtemps