Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/415

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Ton temple se refuse à l’œuvre des démons.
Plus ils tentent d’efforts, plus ses marbres qui roulent
Sur les noirs bâtisseurs en gémissant s’écroulent.
Alors Idaméel, hasardeux ouvrier,
Voulant au faîte sombre attacher son laurier,
Monte sur les débris qui trompent son attente ;
Frappe d’un pied de fer la ruine insultante,
Frappe encore, et soudain, un roc tout calciné,
Un mont de sept volcans dans l’ombre couronné,
En jaillit, et l’enfer dans leurs éclairs contemple
L’emblème foudroyant des sept flambeaux du temple.

Et cependant Jésus s’avançait, tout chargé
Des liens dont Satan venait d’être allégé.
Leurs nœuds, encor souillés du sang des meurtrissures,
De Lucifer au Christ transportent les blessures ;
Et rivés à ses bras avec un bruit plaintif,
La chaîne s’épouvante en changeant de captif.
« Salut ! Jérusalem, cité sainte et fatale !
« Cité que l’infini choisit pour capitale !
« Mon regard, sous ton deuil, te reconnaît toujours ;
« Voilà ! voilà la tombe où te dormis trois jours.
« Jérusalem ! ô toi qui mêlas ton mystère
« Et ton héros divin au drame de la terre,
« Jusque dans les enfers on veut nous réunir…
« L’homme sans ton passé n’eût pas. eu d’avenir,
« Car, sur les mêmes maux ensemble nous pleurâmes,
« Car ton livre céleste est le code des âmes ;
« Même lorsque ton front sous les fléaux ployait,
« Ta ruine était l’ancre où l’espoir s’appuyait !
« Nul siècle ne tombait dans l’éternité sombre
« Sans emprunter de toi sa lumière ou son ombre.