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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/422

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« Sous ton pied de martyr la route est belle et large !
« Marche !!! que fais-tu donc immobile et voûté,
« Ainsi qu’un moissonneur sous sa gerbe d’été ?
« Avance, qu’attends-tu ? — J’attends mon diadème,
« Parce que je suis roi. — Tiens, place-le toi-même,
« Le voici… Pour baiser ton front échevelé
« Autour du cercle immense un serpent s’est roulé,
« Et retient dans ses nœuds, sur ta tête divine,
« L’âme d’un régicide au bout de chaque épine,
« Mais tu restes encor ployé sur le chemin
« Sans avancer… — J’attends qu’on me tende la main.
« Parce que je suis fils de l’homme… » Deux colombes
Dont la mort n’avait pas séparé les deux tombes,
Deux enfants blancs et doux, que Dante osa nommer ;
Qui seuls dans les enfers semblaient pouvoir aimer ;
Deux amants dont la terre a gardé la mémoire
Depuis qu’avec des pleurs il en traça l’histoire,
Vinrent en même temps ; car depuis leurs amours
D’un vol toujours égal ils se suivaient toujours.
Triste et comme étranger dans sa noire patrie,
Le jeune homme, penché vers le fils de Marie,
Aida de ses deux bras, pour soulever la croix,,
La victime si forte et si faible à la fois !
A celui qu’elle aimait, par la mort fiancée,
La jeune femme en pleurs, à sa gauche placée,
Prit son voile, et pendant le chemin douloureux
En essuya le front du pâle bienheureux ;
Et tous deux ont suivi, car leur foi persévère,
Jésus de Nazareth vers le mont du Calvaire.

Le Dieu marche… traçant vers la sombre hauteur,
De rocher en rocher son sentier rédempteur.