Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/423

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De tout le poids qu’il porte il pèse sur l’abîme ;
Il tombe trois fois… mais tandis que la victime
Fléchit, les deux enfants que l’on a vus venir,
Grandissent par degrés pour la mieux soutenir.
Il semble en ce moment, sous le poids qui le Messe,
Que la force de Dieu passe dans leur faiblesse ;
Et tous les deux alors l’adorent en priant.
Et l’on voit, comme un astre au front de l’orient,
De la rédemption l’aurore fraîche et pure,
Belle auréole d’or, poindre à leur chevelure.

Mais les démons… « Quel est dans ses premiers combats
« Ce Dieu dégénéré croulant à chaque pas,
« Ainsi qu’un faible enfant échappé de ses langes ?
« Tu ne peux marcher seul ! où sont tes fiers archanges ?
« Que fait ton père assis dans l’éternel repos ?
« Qu’il te rende ton sceptre à travers le chaos !
« Qu’il jette, pour sauver l’honneur de son image,
« Au porte-croix mourant ce bâton de voyage.
« Marche… le terme est proche ; il ne faut, roi du ciel,
« Que traverser l’empire où règne Idaméel.
« Jéhova, l’architecte, en conçut la structure,
« Sous son compas de fer en courba la ceinture,
H Et d’avance pour toi, dans ses doux jugements,
« Vint le semer d’aspics, le paver de tourments.
« Suis-nous… » Et des démons les lanières sifflantes,
Marquant les chairs du Dieu de morsures brûlantes,
Réveillaient, sous ses pas, dans leurs nids calcinés,
Les essaims fourmillants des pythons nouveau-nés.
Le céraste, l’éloppe et le noir amphisbène,
Embarrassant ses pieds de leurs grands nœuds d’ébène,
Ou buvant sur le sol les gouttes de son sang,