Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/432

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Qui parle aux réprouvés, et sur leur front proscrit
Fait gronder, en volant, le nom de Jésus-Christ ;
De la mer de bitume elle ébranle les îles ;
Jette un linceul d’éclairs aux cadavres des villes ;
Prête son cri tonnant à la voix du Dieu fort :
C’était l’avant-coureur des anges de la mort.
’Ils sont au Golgotha les mille anges fidèle ! ; .
Les dénions attentifs écoutent un bruit d’ailes ;
Mais ne peuvent rien voir, tant sur leur cécité
La réprobation jette d’obscurité.

Comme une jeune fille, au matin, sur la branche
Reporte les petits d’une colombe blanche,
Que le vent arracha de leur nid balancé ;
Ou d’un camélia par les autans blessé,
Trop frêle pour survivre aux souffles de l’orage,
Relève avec amour le douloureux feuillage ;
Et soutenant sa fleur aux reflets éclatants,
La tourne, pour mourir, du côté du printemps ;
Plus doucement encor, ceux dont les mains si pures
Peuvent toucher le Christ sans aigrir ses blessures,
Les anges de la mort, se cachant sous leur nuit,
Ont dressé l’arbre immense avec son divin fruit.
En regardant Jésus, dans leur pitié s’efface
La terreur que le juge imprima sur leur face.
Ils adorent ensemble, et puis leur vol neuf fois,
Tourne, comme un nuage, à l’entour de la croix :
Agitant lentement leurs six ailes muettes,
Deux pour voiler leurs pieds, deux pour voiler leurs têtes,
Et deux pour fendre l’air que la haine épaissit,
Et que leur ombre encor dans l’abîme obscurcit.
Ils adorent ensemble, et puis prennent leur place,