Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/433

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les uns sur les sommets des larges monts de glace ;
Les autres vont s’asseoir, groupe plus menaçant,
Au trône impérial d’où le maître est absent.
Et des plus grands d’entre eux l’invisible milice,
S’arrête, prosternée, en face du supplice.

Idaméel, dont l’œil sur le Christ arrêté
Dans son ascension ne l’avait pas quitté :
« Je triomphe… plus fort que mes peuples ensemble,
« Avec le Dieu vaincu sur le mont noir qui tremble,
« Mon regard du supplice a dressé l’instrument.
« Ce n’est plus aujourd’hui ce vain crucifiment,
« Sacrifice qu’un jour et voit naître et consomme ;
« Où Dieu se rapetisse à la douleur de l’homme !
« Meurt d’un seul coup de lance, et fuyant ses bourreaux,
« Se retranche, contre eux, dans la paix des tombeaux !
« Ton immortalité de la nôtre rivale,
« O Jésus, t’a suivi sur la croix infernale ;
« Et ton corps douloureux, du trépas respecté,
« Nous fournira du sang pendant l’éternité :
« Pendant l’éternité, l’enfer qui le consacre,
« Dressant, toujours plus haut, ce plaintif simulacre ;
« Insultera tes maux d’affreux ricanements ;
« Et tu domineras l’empire des tourments.
« Chacun de nous, au sein des lamentables gouffres,
« Se croira délivré de l’enfer que tu souffres.
« Tous nos fleuves de flamme à tes pieds tournoieront.
« Les vautours de l’abîme, en cercle, sur ton front,
« Agitant, à grand bruit, l’orage de leurs ailes,
« Abreuveront leur soif dans tes chairs immortelles.
« Chaque goutte de sang, en tombant de ton cœur,
« Fera naître un fantôme égal à ma fureur ;