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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/438

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Brillent plus puissamment ; mais de feux si pareils
Qu’on les prend l’un pour l’autre, ainsi que deux soleils ;
Et quand cette clarté, lumineux héritage,
En deux fleuves égaux sur leur sein se partage,
Quand, autour de la croix s’enlacent, déroulés,
De leurs cheveux flottants les anneaux étoiles,
Quand leurs pieuses mains, jointes sur leur poitrine,
Rayonnent, c’est leur cœur priant qui s’illumine ;
Dans leur sein transparent, leur cœur de fiancé,
Comme un double saphir dans l’albâtre enchâssé ;
Comme durant les nuits qui parfument Mysore,
Astre ailé d’Orient, rayonne le fulgore
Dans les magnolias de son vol éclairés,
Ou s’endort lumineux sur leurs rameaux pourprés.
Tous deux, levant un front triste sous sa parure,
Adressent leur prière à chaque meurtrissure :
Prière du regard, la seule qu’autrefois
Madeleine-Marie adressait à la croix.
Et puis les deux amants, sous le nimbe de flamme,
Parlent au Dieu martyr qui parlait à leur âme ;
Et leurs deux jeunes voix gardent le même son,
Comme deux luths des cieux vibrent à l’unisson
Sous le toucher d’un ange amoureux d’une étoile,
Et chantant pour lui plaire, ayant levé son voile :
« Vous nous rachetez, Christ ! ô magnifique don !
« Que pouvons-nous pour vous en retour du pardon ?
« Chacun de nos rayons vous coûte une souffrance ;
« Que pouvons-nous, Seigneur, pour votre délivrance ?
« Jésus, par votre grâce appelés en chemin,
« Nous avons sous la croix avancé notre main ;
« Nous vous avons aidé, tout petits que nous sommes,
« O puissant rédempteur des anges et des hommes !