Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/443

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Qui prend de ses soupirs le ciel pour confident,
Dont chacun des palmiers est le buisson ardent ;
Mais la Jérusalem maudite et sans hostie ;
Celle que les démons de forfaits ont bâtie,
Et qui de ses remparts balance les sept tours,
Comme un nid surmonté de sept cols de vautours ;
Mais la Jérusalem aux triomphes funèbres
Que son aveuglement couronnait de ténèbres ;
Celle qui du blasphème éveillait les échos,
Des voûtes du cénacle aux marbres d’Hippicos ;
Montait de siècle eu siècle au crime jusqu’au faîte !
De chacun de ses rocs lapidait un prophète ;
La mamelle inféconde et tarie en chemin,
Portant, nourrice impie, un Dieu mort sur son sein ;
Du manteau de David se faisant un suaire,
Et transformant le naphte en boisson de colère ;
Elle vient sous le sang, aux yeux d’Idaméel,
Laver son déicide et l’éponge de fiel.

Lorsque, psylle puissant descendu des collines
Pour charmer les serpents d’un vieux temple en ruines,
Les cheveux dénoués comme un esprit de l’air,
Belle de son œil noir lançant le large éclair,
J^e long des champs de riz et des grandes savanes,
Pressant son corps léger du feston des lianes,
Une jeune Indienne accourt, et sur l’autel
Emprunte aux dieux tombés un chant surnaturel ;
Reine miraculeuse, incroyable sibylle,
Chaque note exhalée apprivoise un reptile,
Et son regard fixé sur celui des serpents,
Semble darder son âme à ses sujets rampants.
On les entend vibrer en quittant leur retraite,