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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/451

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Elle t’appelle seul, toi, son seigneur et roi,
Et pour créer un ciel se détourne de moi.
Viens aider Sémida, viens…. que ton cœur achève
L’enfantement sacré de cette dernière Eve.
Un soupir, un soupir, et l’enfer est sauvé….
Chaque élu dans ses bras emporte un réprouvé !
Viens ; de ceux qui t’ont fui ne vois-tu pas le nombre ?
Cesse sur leur salut de projeter ton ombre ;
Dépouille cet orgueil sombre, insensé, brûlant ;
L’orgueil a fait ma chute et retient ton élan.
L’orgueil aux nœuds d’airain t’enchaîne à cette rive,
Toi seul n’es point parti quand tout ton peuple arrive !
N’entends-tu pas la voix qui t’invite à monter ?
Ne sens-tu rien des cieux sous ton front s’agiter ?
Oh ! laisse-moi fermer cet orageux royaume,
Dont Satan, dans Eden, donna les clefs à l’homme.
Oh ! laisse, Idaméel, l’ange qui se repent,
Arracher de tes mains l’ancien fruit du serpent.
Tu m’as vaincu jadis !… que je puisse, sans armes,
Remporter à genoux ma victoire de larmes !
Je traîne devant toi mon front de sang lavé,
Écrase-le du pied, mon fils, mais sois sauvé !
Si je te rends à Christ, que m’importe le reste ?
Fais du corps de Satan ton marchepied céleste !
Prends mon bandeau de flamme, et tout l’éclat lointain
Qui servit d’auréole à mon premier matin.
Prends mon aile d’archange et sa blancheur austère,
Mais que je rende à Dieu ma proie humanitaire !
Quand même tu devrais, en sortant de l’enfer,
De la grande amnistie excepter Lucifer !
Jette, jette, mon fils, sous la croix invoquée,
Ta pourpre d’anathème, en lambeaux abdiquée.