Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/452

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Jette ta résistance au gouffre du remords ;
« Tu défends un tombeau vide de tous ses morts ;
« Et toi seul, lorsqu’ils ont démoli l’ossuaire,
« Lazare révolté, tu retiens ton suaire.
« Ta défaite est partout, tes bûchers sont sans feu !
« Ton pied ne marche plus que sur du sang de Dieu ;
« Et sous le vol des saints qui l’assiègent en foule,
« Ton trône sépulcral, crime à crime, s’écroule.
« Devant celui qui vient pour les cicatriser,
« Ton œil ne trouve plus de plaie où se poser !
« Repens-toi, repens-toi !!! »

                                                    De lumineuses plaintes
S’exhalèrent alors du chœur ailé des saintes.
C’est ta voix, Sémida, ta voix qui dit un nom :
Tu descends vers l’amour pour aider le pardon.
Oui, vers Idaméel ! Et ton regard l’appelle,
Plein de cette langueur qui te fait la plus belle.
Tu veux, refleurissant dans tous ses souvenirs,
Donner une seule âme à vos deux avenirs.
— Idaméel !!! — Mais lui, dans sa lutte insensée,
Sous son fixe regard ne voit que sa pensée ;
Seul au fond de sa haine et de ses noirs desseins,
Tel que Jéhova seul au fond du saint des saints.
La réprobation qui loin de tous s’exile,
Se réfugie en lui comme en un lieu d’asile ;
Et repoussant du pied Lucifer et son deuil,
Il rebâtit l’enfer dans ses rêves d’orgueil.
L’archange perdit l’homme, et par un juste échange,
L’homme arrête aujourd’hui le rachat de l’archange !