Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/455

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Il s’anéantirait en sa trinité même !!!
Il lutte ; il se souvient de ce qui fut prédit :
Il crie à Jéhova : — Père, tu l’avais dit ! — -
De l’athlète divin partageant la faiblesse,
Sous son dernier effort le Golgotha s’affaisse.
Mais le fer plonge encore et s’arrête, fixé
Au plus profond du cœur de haine traversé ;
Et Christ secoue alors sa formidable tache,
Comme un taureau blessé fuit secouant la hache.
Ce n’est plus aux damnés qu’il prête son appui :
Le Dieu suffit à peine à combattre pour lui.
De sa croix de rocher son corps se déracine ;
Il entraîne en tombant le salut en ruine ;
Et sa main, libre enfin, fouillant ses flancs ouverts,
En arrache la lance où brûlaient neuf enfers ;
Et l’amour est vaincu sous leur flamme plus forte ;
Et la rédemption avec le sang est morte…

Comme un aérostat dont le câble est coupé,
Le ciel remonte et fuit d’ombres enveloppé,
Recueillant de son Dieu tout le sang tiède encore.
Et que l’air des maudits corrompt et décolore.
Sans réchauffer ses flots vainement répandus,
Les soleils, comme un dais, sur lui sont étendus :
Ce sacrement de mort, sans prêtre, sans oracle,
On l’emporte en silence au très saint-tabernacle,
Aux pieds du père même, attendant sous son œil,
Ce qu’il ordonnera pour la fête du deuil.

De ce salut d’un jour fier d’effacer la trace,
De sa Jérusalem l’enfer se débarrasse.
Golgotha de son Christ croule dépossédé ;