Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il mesure, pensif, le Dieu qu’il veut abattre ;
Depuis Satan, du Ciel disputant les états,
Jamais guerrier si haut n’avait levé son bras.
Les anges de la mort, sombre et jalouse garde,
S’agitent…. La victime à son tour le regarde ;
Mais ce regard au front orageux du géant
Se perd, comme une étoile au sein de l’Océan :
On dirait que l’espoir qu’Idaméel se donne
Contient plus de fureurs que le Christ n’en pardonne.
De sa lance acérée il agite le feu,
Son éclair fait baisser les paupières, du Dieu.
Il porte aux flancs du fils la flamme souveraine ;
Sur l’amour palpitant il vient poser la haine,
Qui ralentit soudain dans leur élan vainqueur,
Horloge du salut, les battements du cœur.
La lance n’a jeté qu’une seule étincelle,
Déjà du gouffre aux cieux le triomphe chancelle.
Le fer pénètre et brûle ; il s’avance à travers
Les lambeaux calcinés des frémissantes chairs ;
Le sang fume et tarit, et brûlée à sa source
La résurrection s’arrête dans sa course ;
Et tout près de s’unir au monde des élus,
Déjà vers le pardon l’enfer ne monte plus.
La flamme arrive au cœur : un seul cri d’épouvante,
Que n’entendit jamais l’éternité vivante,
Sort de ses profondeurs ; c’est l’impur germe éclos,
Le germe de la haine en la moelle des os.
La haine veut entrer au fond du sanctuaire,
La haine aux flancs du fils veut détruire le père !
Si ce feu se fixait dans le sein tout amour,
Si le Dieu-charité se haïssait un jour,
S’il pouvait se haïr, blasphème du blasphème !