Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/459

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée




Le Fils, lien d’amour, Dieu des douleurs sublimes,
Qui créa le pardon avant qu’il fût des crimes ;
Holocauste vaincu, Rédempteur terrassé ;
Relevant le regard qu’il tenait abaissé,
A travers le chaos et la nuit agrandie
Cherche le-Père au fond des abîmes de vie.
Et prosterné : « — Ma force a trahi ma ferveur :
« Il fallait à l’enfer Jéhova pour sauveur.
« Ma charité n’a pu suffire à l’anathème
« De ce feu primitif allumé par vous-même :
« Et j’ai tremblé, fléchi, d’épouvante assiégé,
« Comme le mont Sina de vos foudres chargé.

« O nuit sombre !!! étendu sur ma couche jalouse,
« Je n’ai pu de rayons parer ton front d’épouse ;
« Et laver, dans des pleurs aux enfers inconnus,
« La malédiction qui souille tes pieds nus !
« Tes pieds qui m’ont trahi, tes pieds de criminelle,
« Qui se sont déchirés à la ronce éternelle.
« O triste fiancée ! oh ! pour mon ciel natal,
« Transformant ton suaire en voile nuptial,
« Je n’ai pu sur mon cœur ressusciter tes charmes,
« Te montrer le soleil se levant sous mes larmes !
« Te cacher dans mon sein aux baisers de la mort ;
« Et t’emportant d’un vol jusqu’aux pieds du Dieu fort,
« Passant aux doigts aimés l’anneau de la prière,
« Te présenter pour fille à l’amour de mon père.

« Je n’ai pu triompher… mais dans le feu maudit
« Si l’espérance une heure avec moi descendit ;
« Seigneur, si mon regard vint rallumer encore
« Sur des fronts ténébreux ce divin météore ;