Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/460

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« Tandis que loin de vous votre nouveau rival
« Essayait sur son front la royauté du mal,
« Si je vins le combattre, et glaner quelques âmes
« Dans son champ de douleurs et sa moisson de flammes ;
« Et si, comme David descendant du Carmel,
« Aux Saül de l’enfer j’ouvris un jour le Ciel ;
« Irai-je maintenant, brisé dans ma puissance,
« Élargir cet enfer de toute mon absence !
« Oter la goutte d’eau de ses feux ravivés ;
« Ajouter un blasphème aux cris des réprouvés ;
« D’un fiel inattendu tromper leur soif avide ;
« Refermer en fuyant mes deux bras sur le vide ;
« Et remontant sans eux vers votre firmament,
« Les repousser du pied au fond de leur tourment ?
« Non, je veux me punir de n’avoir pu, mon père,
« Élever mon amour jusqu’à votre colère.
« Je veux dans les efforts de mon infirmité,
« A consoler l’abîme user l’éternité…

« Adieu ! champs de l’éther, berceaux, ondes mystiques,
« Belle Jérusalem, la cité des cantiques,
« Où les petits enfants chantent leur hymnes encor,
« Noël du firmament devant la crèche d’or !
« Où les vierges du Ciel me préparent les voiles,
« Les beaux voiles tissus des rayons des étoiles ;
« Où Sémida m’attend pour lui rendre un époux.
« Adieu ! doux Séraphins ! et vous, ma mère, vous
« Dont l’âme a défailli dans ce dernier mystère,
« Vous qui m’aviez déjà tant pleuré sur la terre !
« Vous reine des martyrs, dont le cœur gémissant
« Fut aux pieds de la croix submergé dans mon sang ;
« La plus inconsolable entre les filles d’Eve,