Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/461

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« Vous qui portiez au flanc la douleur comme un glaive,
« Qui renfermiez au plus profond dé votre sein
« Mes heures d’agonie en souffrances sans fin,
« Quand vous vîntes, la nuit, de ma tête divine
« Détacher par lambeaux la couronne d’épine ;
« Et la montrant sanglante aux anges du Seigneur,
« Pour ne plus la quitter, vous l’enfoncer au cœur ;
« Quand vous vîntes chercher la grotte mortuaire,
« Où la mort ne devait garder que mon suaire ;
« Conduire jusqu’à moi l’apôtre bien-aimé ;
« Ensevelir mon corps de vos pleurs embaumé ;
« Et l’essuyant ensemble avec vos chevelures,
« Mourir autant de fois qu’il portait de blessures.
« O reine des martyrs ! pleurez, pleurez encor ;
« Le trépas d’aujourd’hui n’aura point de Thabor !!
« Frappez ce sein meurtri que tant de douleur navre.
« Pour soulever le roc roulé sur mon cadavre,
« Quel ange descendrait, ou pour briser les sceaux
« Que l’enfer en triomphe apposa sur mes os ?
« Le sépulcre où je suis ne s’ouvre plus, ma mère !
« Mes cheveux en orage agitent sa poussière ;
« Elle souille mon front, elle aveugle mes yeux ;
« Le Fils ne voit plus rien du côté de vos cieux.
« Le Fils n’entend plus rien que ses pleurs de victime
« S’épanchant goutte à goutte et pleuvant dans l’abîme,
<> Et sa croix gémissante, et dont l’arbre penché
« A secoué le Dieu comme un fruit desséché.
« Le sépulcre où je suis ne s’ouvre plus, ma mère !! »



Ainsi parlait le Fils ; et cependant le Père
Écoutait, loin de lui, dans le fond de l’éther,