Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/465

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Où, parmi lès vapeurs de leurs flots inconstants,
L’espace vient mourir sur le tombeau du temps.
Il dévore et la nuit et son peuple d’atomes,
Et des astres éteints les nuageux fantômes,
Et l’éternel combat d’éléments révoltés,
Et le germe infécond des globes avortés.

Telle aux bords africains, rapide et foudroyante,
Descend du ciel en feu la trombe tournoyante.)
Des cèdres qu’elle arrache, elle s’arme en volant ;
Ouvre à la caravane un sépulcre brûlant.
Le sol tremble et gémit, le roc bondit et roule ;
Colosse démoli, l’éléphant-roi s’écroule.
On voit s’évanouir dans ses noirs tourbillons,
L’alkondi gigantesque avec ses nids d’aiglons.
Étonnés de tenter une route inconnue,
Les boas étouffeurs vont ramper dans la nue ;
Et près des grands oiseaux épouvantés comme eux,
Se roulent dans la trombe en orbes venimeux.
Elle tonne et grossit sa flamme intarissable.
Les dieux d’airain, ravis à leurs tombeaux de sable,
Se fondent dans ses feux ; taureau, sphinx ou serpent,
L’olympe immonde en flots de lave se répand.
Entre ses bras puissants qui brisent leurs colonnes,
Elle a déraciné les vieilles Babylones
Du sol où, pour jamais sous la poudre caché,
Leur cadavre éternel croyait s’être couché.
L’ombre des Pharaons, sous son vol se réveille ;
Le dronte dans son sein tourne comme une abeille ;
Et du Nil absorbé plus d’un monstre fumant
Dans la trombe invincible a changé d’élément.

L’éclair grandit toujours ; il n’est point de barrière