Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/469

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« J’ai hâte de te voir dans mon enfer descendre !
« La lutte de ce jour va balayer sa cendre.
« Ma force de la tienne enfin va s’approcher,
« Après plus de mille ans perdus à te chercher.
« Si Satan terrassé fut ton titre de gloire,
« Je tiens ma royauté de la même victoire.
« A toute ta hauteur sa chute me grandit ;
« Mes mains ont rajeuni le sceptre du maudit ;
« Ce sceptre, usé par lui contre la race humaine,
« A changé de victime en passant à ma haine ;
« Ce sceptre s’est levé pour de plus grands défis ;
« Lucifer vainquit l’homme et j’ai vaincu ton fils.
« J’ai, plus haut que sa croix plaçant mon diadème,
« Commencé par ton fils à te vaincre toi-même.
« Défaite irrévocable ! indélébile affront !!!
« Au fardeau que je porte il a brisé ton front.
« Il n’a pu te haïr comme moi ; sa faiblesse
« Nous a bien révélé l’enfant de ta vieillesse !
« Benjamin, qui croyait, chargé de tes leçons,
« Dans ma fertile Égypte acheter mes moissons ;
« Et donner son amour en échange des gerbes
« Dont mes mains ont lié tous les épis superbes !!!
« Viens voir ce qu’il a su garder de ses splendeurs.
« Viens voir ce que je fais de tes ambassadeurs !
« Et du grand sphinx sur lui les hideuses morsures ;
« Ta honte ruisselant de toutes ses blessures.
« Viens voir, lorsqu’il montait dans l’empire du mal,’
« Du calvaire terrestre au calvaire infernal,
« Tout ce que nos fureurs, tout ce que nos calices
« Avaient mis de distance entre ces deux supplices ;
« Et quelles mains dressaient l’échelle des douleurs ;
« Et quels tourments germaient sous chacun de ses pleurs