Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/471

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Et ses pleurs de glaçons, et ses chapes de fer…
Ainsi que le chaos a disparu l’enfer.
De cette région noire, maudite, impure,
Il ne reste plus rien, que la grande figure
Du Christ, dont les soupirs tant de fois triomphants,
N’ont conquis que la mort pour ses nouveaux enfants.
Inexorables feux ! brûlantes funérailles !!!

Alors qu’un pélican s’est ouvert les entrailles
Pour nourrir ses petits, quelquefois un chasseur
S’approche, et les lui prend sous le sang de son cœur.
L’oiseau blessé se dresse, et veut suivre dans l’ombre
Sa famille qui fuit aux mains du chasseur sombre.
Mais la blessure est large, et regardant le ciel,
L’holocauste mourant ne peut quitter l’autel.
Et sur le même roc, victime inachevée,
Son sang baigne le nid où n’est plus sa couvée,
Et s’arrête, glacé par le froid des douleurs,
Pour achever après de s’écouler en pleurs.
Et cependant ses chairs pouvaient longtemps suffire
A les nourrir en paix du paternel martyre,
Tous ces fils bien-aimés, qui venaient, tour à tour,
Lui dévorer le cœur avec des cris d’amour !
Oh ! voyez comme il souffre, à présent qu’il demeure
Tout seul, sans les enfants qu’en longs sanglots il pleure ;
Comme il souffre loin d’eux de ce tourments perdus,
De toute cette mort qui ne les nourrit plus ! -
Pour la première fois il sent dans son flanc vide,
Sur chaque fibre à nu courir leur bec avide.
Ses entrailles de père, inutile festin,
Comme un serpent coupé se tordent dans son sein.
Si du rivage ému le vent plaintif apporte