Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/472

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


De ses petits captifs une plainte plus forte,
Son œil brille, il tressaille, écoute avidement ;
Il croit qu’on les ramène à son embrassement !
Il croit les ressaisir, et son rouge plumage
Se hérisse de joie avec un bruit sauvage,
Pour les couvrir, afin qu’ils puissent aujourd’hui
Apprendre, sous sa mort, à mourir comme lui.
Mais ils ne viennent pas…. O victime abusée !
Recouche-toi loin d’eux sur ton aile brisée ;
Sans écouter les pas du chasseur qui s’enfuit,
Sans tressaillir d’espoir au vent froid de la nuit.
Et demain, quand du jour les teintes purpurines
Viendront illuminer sur tes herbes marines
Ce sang, que l’agonie à peine peut tarir,
Referme sur ton cœur tes ailes pour mourir.
Cache, même au soleil, ta blessure profonde :
Ton martyre est trop saint pour les regards du monde !
Il voudrait, triste oiseau, te comprendre, et son œil
De tes trésors d’amour profanerait le deuil !!!

Mais bien plus lamentable est la haute victime,
Qui, ne pouvant mourir de son œuvre sublime,
Reste les flancs ouverts comme l’oiseau martyr,
Privé de ses enfants qu’on vient d’anéantir.
O sacrifice vain ! ô Rédempteur stérile !
Combien pesait alors ce calvaire inutile !
Oh ! combien grandissaient vos tourments superflus !
Combien vos bras sanglants laissaient tomber d’élus,
Que ne rattachait plus votre sainte espérance
Au lourd cercle épineux du bandeau de souffrance !!!
Vous criâtes alors : — Moi, le fils bien-aimé,
« Je reste où fut l’enfer : tout n’est pas consommé !…