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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/476

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« Fait marcher ses pieds nus sur la cendre des âmes !
« Il combattait la mort, et vous la couronnes :
« De la couronne expiatoire ;
« Il voulait sur son cœur ses élus nouveau-nés,
« Vous jetez dans ses bras le néant pour victoire ;
« Et sa croix maintenant, arbre silencieux,
« Ne couvre qu’un tombeau plus large que vos cieux ! »

Alors du saint des saints qui se dévoile, et brille,
Sortent ces mots… « Pourquoi murmurez-vous, ma fille ?
« Le dernier cri du Fils jusqu’à nous est monté.
« Sa croix, sur une tombe, est l’immortalité !
« Pourquoi, vous confiant à la vaine apparence,
« Croyez-vous vos regards plutôt que l’espérance ? »
Et déjà remontait, plein de pardons cachés,
Le formidable éclair vers les élus penchés.
Il s’ouvre, et l’on entend, comme un appel sublime,
Faisant sept fois le tour du lumineux abîme.
Une autre voix, semblable au chant plein de douceur
D’un ange qui s’éveille en appelant sa sœur.
Et l’on suit dans son vol cette musique errante,
Comme l’aile d’un cygne et vierge et transparente ;
Tendre comme un soupir de l’amour, exhalé
Vers l’amour qui l’attend de mystère voilé ;
Pure comme l’encens d’un beau lys bleu qui prie,
Courbé sur la fontaine aux bois de Samarie.
Elle monte, et s’étend pareille aux grandes eaux ;
Embrasse l’infini d’harmonieux réseaux,
Et chaque fleur écoute, en la sainte vallée,
Ces accords inconnus, mélodie étoilée.
Et l’extase et la paix, pour mieux entendre encor,
Ont sur le même autel croisé leurs ailes d’or.