Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/54

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de se rallier de toutes parts aux enseignements de l’inspiration religieuse. Si le naturaliste pénètre dans les profondeurs du globe, c’est pour y apercevoir les six jours de la création moïsiaque gravés, couche par couche, sur le granit. Si l’archéologue interroge lés sphinx de Thèbes, c’est pour que leur réponse réhabilite la chronologie sacrée. Si la physique découvre le système des ondulations, c’est pour absoudre la Genèse d’avoir fait de la substance lumineuse un être créé avant le soleil. Si la phrénologie explore le crâne humain, c’est pour retrouver les trois fils de Noé dans les trois races qui se sont partagé la terre : on dirait que le génie, en expiation de quelque ancien blasphème, ne peut remuer aucun mystère sans-en faire sortir le Dieu des chrétiens !

Ne nous étonnons pas de cette subite révolution. L’incrédulité n’est qu’une halte plus ou moins funeste de l’esprit humain, qui reprend bientôt sa marche vers le but marqué. L’homme est placé dans une création finie ; mais il porte en lui quelque chose d’infini et d’incréé, sa ressemblance avec son Créateur ; et il puise dans cette ressemblance certaines intuitions, certaines formes originaires et virtuelles, certaines lois nécessaires antérieures à toute expérience. L’école allemande a dit : Il faut l’infini pour être — Les idées innées de Platon, l’harmonie préétablie de Leibnitz, la vision en Dieu de Mallebranche, les théories du