Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/55

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temps et de l’espace du solitaire de Kœnisberg, déjà entrevues par saint Augustin [1] ne sont que des commentaires de cette phrase de la Bible : — Dieu fit l’homme à son image. — Ces mots renferment un abîme que toutes les philosophies, à leur insu, ont cherché à sonder vainement.

Les successeurs de Kant n’ont pas reculé devant les profondeurs de cet abîme. Accusant leur maître de timidité dans ses abstractions, ils ont voulu faire un pas de plus dans l’inconnu ; et tandis que Schilling spiritualise la substance et la forme [2], tandis qu’il considère Dieu comme le centre d’un cercle dont la création est la périphérie, tandis qu’il élève jusqu’à l’âme universelle les forces divinisées de la matière ; Fichte, au contraire, fait sortir du seul rayonnement de notre âme toutes les apparences de l’univers ; il force le moi humain à devenir créateur et à travailler sans cesse sur le réseau de phénomènes dont il s’est enveloppé. Dans ces deux systèmes d’unité absolue, tout vestige de dualisme achève de disparaître. Les deux termes opposés du grand problème, le sujet et

  1. Kant dit : Le temps est subjectif et, a priori, il est la forme de notre sens interne. Saint Augustin dit : C’est en toi-même, ô mon esprit, que je mesure le temps, et CE QUE je mesure, à proprement parler, c’est l’impression que les choses font en toi.
  2. Quelques critiques ont accusé Schelling de panthéisme ; ils se sont trompés : dans Spinosa, tout est Dieu ; dans Schelling, Dieu est tout.