Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je ne me suis pas séparé de toutes ses pensées : j’ai fait de mon drame mystique un hymne à l’espérance. L’esprit du moyen-âge avait suffi pour remplir les trois abîmes creusés parle Dante. Le réformateur Milton avait fait de son Satan un factieux gigantesque armé contre la monarchie du ciel. L’âme rêveuse de Klopstock avait pleuré avec saint Jean et Marie au pied delà croix ; elle avait conduit, à l’heure suprême, la planète Adamida devant le soleil, pour qu’il ne vît pas mourir le Sauveur des hommes. J’ai osé sonder de plus profondes ténèbres !

Préoccupé de l’immense amour de Jésus-Christ pour ses créatures ; absorbé dans la contemplation de son sacrifice, j’ai cru voir, pour me servir des expressions de saint Chrysostome, le fils de Dieu briser les portes d’airain de l’enfer, afin que ce lieu ne fût plus qu’une prison mal assurée, (…). J’ai cru voir, pour parler comme saint François de Salles, la grande victime souffrir en même temps pour les hommes et pour les anges ; j’ai cru voir, avec Origène, le sang théandrique baigner à la fois les régions célestes, terrestres et inférieures. J’ai fait de la force expiatrice une seconde âme universelle ; j’ai supposé la rédemption plus puissante que toutes les iniquités ; j’ai supposé que l’archange prévaricateur n’avait pu donner à l’édifice du mal l’éternité pour ciment. Je dis, j’ai supposé, parce que