Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/63

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Un grand aigle planant sur un ciel nuageux,
Veut savoir s’il est roi de l’empire orageux,
Son vol s’y plonge… il vient, l’aile sur sa conquête,
Se placer, comme une âme, aux flancs de la tempête ;
Et surveiller, de près, tous les feux dont a lui
Ce volcan voyageur qui s’élance avec lui.
Mais brisé dans sa force, il hésite, il tournoie ;
L’horizon de la foudre autour de lui flamboie,
Et, sous le vent de feu courbant son vol altier,
Ce roi de la tempête en est le prisonnier.
Emblème tourmenté de l’existence humaine,
Un tourbillon l’emporte, un autre le ramène ;
Son cri royal s’éteint au bruit tonnant des airs ;
Un éclair vient brûler son œil rempli d’éclairs.
Alors, tout effaré, comme un oiseau de l’ombre,
Ou pareil, dans la nue, au navire qui sombre,
On voit, aux profondeurs de cet autre océan,
Flotter, demi-noyé, l’aigle aveugle et béant.
La grêle bat son flanc qui retentit… L’orage,
Comme un premier trophée, emporte son plumage.