Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/82

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Des modèles divins ne sont plus séparés ;
Cortège aérien phalange triomphante,
Purs fronts glorifiés par l’art qui les enfante,
Et semble enorgueillir de ses créations,
Le séjour incréé des hautes visions !
Oh ! comme chaque élu vient baiser en silence,
Sur le tableau pieux, la sainte ressemblance,
Admirant le chef-d’œuvre et calme et virginal,
Et devenu réel à force d’idéal !

Là Cécile, empruntant la harpe séraphique,
Accompagne à genoux cet hymne magnifique,
Ce grand Stabat aimé de la mère de Dieu,
Où le génie ardent pleure en notes de feu.
Plainte plus ineffable encore que la joie,
Extase de tristesse où tout élu se noie,
Quand le concert divin qu’un mortel anima,
Gémit, comme les voix qui passaient dans Rama.
Il va gémir… Silence ! ardeurs, trônes, louanges !
Sept orchestres, comptant chacun dix mille archanges,
Sortant des profondeurs d’un deuil silencieux,
Des plaintes de leur mère ont inondé sept cieux.
Tantôt, laissant mourir le chant mélancolique ;
Et tantôt, emportés par l’aigle évangélique,
Jusques au Saint des Saints élevant à la fois,
D’un vol plus tourmenté, les sanglots de la Croix !
Les lamentables voix montent, passent, se fondent ;
Les masses d’harmonie en fuyant se répondent,
Comme se répondaient, dans l’Éther radieux,
Les sphères d’or croisant leurs chœurs mélodieux !

La musique terrestre, à son berceau ravie,