Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/83

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Ne possède avec nous que l’ombre de la vie.
Pleins de souffles grossiers, nos pâles instruments
Ne s’illuminent pas de leurs frémissements ;
Mais les sons, ramenés à leur source première,
Comme ici-bas dans l’air, vibrent dans la lumière.
Mais l’instrument sacré dont l’archange se sert,
La douceur de son nom est son premier concert.
Au milieu des bémols, comme un lis, semble éclore,
Embaumé de parfums, le chant du Mélosflore.
On croit voir onduler le contour des accords,
Comme sous un jour pur les lignes d’un beau corps,
Et, tel qu’une colombe errant parmi les branches,
Du doux Extaséon le chant aux ailes blanches
Voltige lumineux sur le front des élus :
Aux prières du ciel prête un élan de plus,
Glisse à travers l’Éden, languissant ou rapide,
Répand de ses rayons le sourire limpide,
Et, s’élevant toujours, vers lui semble appeler
La symphonie en pleurs qu’il voudrait consoler :
Tandis que, sous son vol, au fond de l’âme émue,
En bruits entrecoupés le Trémolo remue ;
Tandis que les aspects du Stabat gémissant,
De douleurs en douleurs, flottent s’élargissant.
Poëme de soupirs ! où les basses funèbres
En rythmes lents et froids traduisent les ténèbres ;
Où des trombes d’airain la sombre cavité,
Abîme de tristesse et de sonorité,
Fait rouler pesamment, dans des nuits nuageuses,
Les tonnerres plaintifs des gammes orageuses ;
Jetant de cieux en cieux, fleuve d’abord caché,
Le largo solennel en larmes épanché ;
Par le retour sans fin d’une seule mesure,