Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/86

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Ces tableaux où le monde adora ton image !
Où l’aube de tes jours a gardé sa blancheur,
Où des ruisseaux d’Éden serpente la fraîcheur,
Où se lève à tes yeux, au miroir de leur onde,
Ton beau corps virginal sous sa parure blonde.
Reine de ces jardins, lorsque Adam était roi,
Tes familles de fleurs s’y souviennent de toi ;
S’entr’ouvrent à ton nom ; ton nom sur chaque rose,
Comme un alexanor, et voltige et se pose ;
Tes soupirs sont toujours sous ces berceaux aimés ;
De tes baisers toujours ces lys sont parfumés.

Adam vient près de toi ; ta douce voix encore,
Comme autrefois à l’heure où t’éveillait l’aurore,
Lui parle saintement des songes du passé,
Des songes d’un exil par le ciel remplacé.
Car, au pied du Seigneur, ton amour t’a suivie,
Car, il est des hymens dans l’éternelle vie.
L’Éther a ses hymens… le cierge nuptial,
La plus vive lueur du monde sidéral,
Efface à son éclat tous les trépieds mystiques,
Alors qu’il réunit deux âmes sympathiques ;
Deux élus, l’un à l’autre à la fois dévoilés,
Des deux côtés du ciel l’un vers l’autre envolés,
Qui viennent, tous les deux, au même nom répondre,
Dans un regard sans fin se perdre et se confondre,
Sans altérer jamais, radieux fiancés,
Les parfums de pudeur dans l’anneau d’or laissés ;
Se disant : « Oh ! c’est vous, en qui mon ciel s’achève ;
« Dieu vous a fait une âme avec mon plus doux rêve ! »
Ineffables soupirs ! regards- ! pleurs caressants !
Miroir jamais terni par le souffle des sens !