Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/90

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Vase pur, dont le miel eut une goutte amère ;
Dernière fille d’Eve et semblable à sa mère !!

Avant de se voiler au terrestre séjour,
La suprême beauté, dans Eve éclose au jour,
Était venue encore en rayons d’innocence,
Sur ce front de quinze ans verser sa pure essence.
Sémida ! Sémida ! dernier présent de Dieu !
De la forme idéale éblouissant adieu !
Il semblait que la vie, en s’exilant du monde,
Eût voulu s’admirer dans cette tête blonde.
Nos fleurs, en se fermant avaient, pour vivre encor,
Laissé tous leurs parfums dans ses beaux cheveux d’or.
Son regard que ses cils couvraient de leurs longs voiles,
En les voyant mourir, avait pris aux étoiles
De leurs derniers rayons les flottantes lueurs.
Les pleurs de la rosée avaient formé ses pleurs.
Tout ce que la nature exhale d’harmonie
Revivait dans sa grâce et dans sa voix bénie ;
Et son sourire aurait, sous lé glaive enflammé,
Rouvert le paradis qu’Eve s’était fermé.
Telle et plus belle encore aux cieux que sur la terre,
Celle qu’on appelait la Vierge solitaire
Errait languissamment et, parmi les élus,
Semblait attendre encore où l’amour n’attend plus.
Sans perdre de son front l’aimable transparence,
Sémida, dans le ciel, s’attriste d’espérance ;
Et son éternité, de printemps en printemps,
N’est qu’un miroir voilé qui réfléchit le temps.
Au sein du firmament la terre est son seul rêve,
Dans ses célestes nuits notre aurore se lève ;
Et les saintes, ses sœurs, en parfums d’amitié,