LE RAMAYANA. 169
années, Viçwàmitra. Furieux de ce que les Râkchasas trou- blent ses prières et dispersent ses offrandes, il vient trouver le pieux Daçaratha et réclame hautement de lui le secours de Râma, seul capable de détruire ces monstres odieux. 11 y a là un épisode intéressant, qui nous fait voir le monarque, cherchant à résister au pontife, comme Saùl à Samuel dans la Bible, comme Agamemnon à Calchas dans Y Iliade, et finis- sant par s'humilier profondément aux genoux du farouche anachorète !
« Ce fils que tu me demandes n'a que quinze ans ; il ne sait pas encore manier le fer; il n'a pas une force suffisante pour lutter contre des Râkchasas. Maisj^ai là une armée terrible et inébran- lable; elle fait ma force : j'en dispose; suivi par elle, j'irai là-bas livrer bataille à ces mangeurs de chair. J'ai des guerriers, aussi intrépides que Yama, ce dieu de la mort qui anéantit tous les êtres : ceux-là sont habiles à se battre ; ils marcheront sur mes pas. A moins que je ne perde la vie dans le duel que j'engage- rai avec ces rôdeurs de nuit, je parviendrai bien à rendre la sé- curité à tes sacrifices. Je marcherai en personne, moi, et non pas Ràrna qui n'est qu'un enfant, qui n'a point l'habitude des armes, qui ne sait ni ce qu'il peut ni ce qui lui est impossible... Séparé de lui, je ne consentirais pas à subsister, fût-ce un moment; véné- rable solitaire, je t'en prie, n'emmène point Râma. J'étais bien vieux, j'avais déjà neuf mille ans, quand, un jour, me naquirent quatre fils qui ressemblent aux immortels par leur beauté; privé d'eux, j'en suis sûr, je cesserais de vivre. C'est surtout en Ràma que je me complais; lui que ses qualités rendent cher au monde entier, lui dont le visage est aussi riant que la lune, lui en qui s'unissent toutes les perfections, lui qui charme mon cœur et que je préfère à l'existence ! Je tombe à tes pieds; je te conjure, dé- solé, désespéré à la seule idée de le quitter; que Ràma, l'aîné de mes héritiers, ne parte point; de grâce, seigneur, n'emmène pas mon fils! »
Ces paroles touchantes ne fléchissent pas le prêtre qui re- double ses instances; Vasishlha conseille prudemment au roi de céder et le rassure, en lui parlant des armes magiques dont Viçwàmitra a le secret et ;qu'il daignera communiquer
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