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l'exil auquel son père le condamne pour quatorze ans; sa fuite au désert avec Sita et Lakshmana. En vain, à la mort de Daçaratha, un autre frère de Ràma, Bharata, veut-il lui rendre le sceptre: il persiste à habiter les forêts saintes, à s'y livrer à la pénitence, à y lutter contre les mauvais génies. Leur chef, Râvana, se venge en enlevant Sita qu'il transporte à Lanka : nous sommes en pleine féerie. Ràma prend pour confidents les vautours Djàtayou et Sampâli, pour alliés Sou- griva et Hanoumat, deux princes de la tribu des singes; il jette un pont de rochers sur l'océan indien et pénètre dans l'île maudite, repaire du râkchasa. Là une affreuse mêlée s'engage: blessures guéries par des herbes magiques; mort de Râvana, cet ogre à plusieurs têtes ; applaudissements des dieux; bénédictions des peuples délivrés, tout a la couleur d'une épopée fantastique.

On a prétendu, nous le répétons, que ces mythes bizarres cachaient le souvenir de quelque guerre d'extermination, soutenue avec succès par un grand prince de la pénin- sule hindoue, aidé de tribus montagnardes, contre les pirates anthropophages de l'île de Ceylan. Quoi qu'il en soit, Kâlidâsa nous maintient dans la sphère de la fiction pure. Sita, qui s'est purifiée de tout contact avec les immondes râkchasas en traversant un bûcher ardent, monte sur un char céleste donné par Indra. Dans un discours long et bril- lant, où la géographie et la poésie sont habilement mêlées, Ràma lui montre du haut des airs tous les lieux où ils ont vécu, souffert, aimé pendant quatorze années, et ils atteignent enfin le sol de la patrie, si doux à revoir après tant de tour- ments supportés, après tant d'exploits accomplis. Quelle suc- cession de situations, simples et naturelles en même temps que nobles et élevées ! Je ne sais si nous sommes devenus peu sensibles à ce genre de mérite ; mais il suffisait pour toucher jusqu'aux larmes des générations moins positives et moins dédaigneuses. Ràma jouit du bonheur d'embrasser sa mère Kausalya, sa belle-mère Soumitra, ses trois frères ; il se ré-

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