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294 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

de l'avoir perdue, sont résolues à se tuer en se jetant dans un gouffre; son propre père, Bhoûrivasou, regrettant un peu tard d'avoir contrarié ses inclinations, s'apprête à se brûler vif. Mais la puissante magicienne arrête à temps les trois femmes etle ministre ; elle ramène Madhava qui renaît à l'espérance et Mâlatî, arrachée aux mains de la prêtresse de Dourgâ: Nandana renonce à ses velléités conjugales, et les deux jeunes couples, obtenant le consentement du roi, font confirmer légalement l'union, déjà formée dans leurs cœurs. Cette légende amoureuse, racontée en langage poétique, con- tribua à la gloire de Bhavabhoùti plus peut-être que sa pièce héroïque de Mâha-Vira-Tcharîtra (l'Histoire d'un grand homme). Cette histoire est celle de Ràma , appropriée au théâtre; ce sont les trois premiers quarts du Râmâyana, dé- coupés en sept actes pour les besoins de la scène à la ma- nière des drames historiques de Shakespeare. Il n'y est pas question des unités de temps et de lieu : les limites y sont larges en fait de durée et d'espace. On y compte une quaran- taine d'acteurs; et quels acteurs! des rois et des anachorètes, des dieux et des démons, des ogresses et des villes personni- fiées, des singes et des vautours. L'œuvre presque entière de Vâîmîki y est condensée, depuis la visite du prince Ràma à l'ermitage de son précepteur Wiçwâmitra jusqu'à son re- tour dans sa cité d'Ayodhyâ. Le mariage du héros; ses luttes contre les esprits malfaisants et contre le terrible brahmane Paraçou-Râma ; le rapt de sa chère Sîtà; ses bizarres alliances avec les vautours Djatâyou et Sampâti et avec les singes Ràli, Sougrîva, Angadaet Hanoumàn; le passage de la mer du sud à pied sec sur un pont de rochers ; l'extermination de Râvana, ravisseur de la princesse et chef des Râkchasas de Lanka; le triomphe du vainqueur : tout ce que nous connaissons déjà si bien y est retracé sous de vives couleurs. Le style en est brillant, mais un peu enflé, ce qu'un semblable sujet pouvait excuser ; les tableaux s'y succèdent rapidement, et les décors devaient y changer sans cesse, à moins qu'il n'y en eût pas

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