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LE THÉÂTRE INDIEN. 309

météores, les prétendus prodiges ne sont qu'un pur jeu du hasard et ne sauraient inquiéter le sage. » On y trouve aussi des détails révoltants, par exemple, sur le festin qu'une râkchasi ou ogresse offre à son horrible époux : c'est un mé- lange de chair, de sang et de cervelles, servi dans le crâne d'un éléphant. Le Mâhabhârata a donné encore naissance à une pièce, les Fils de Pândou outragés, en deux actes, dont le premier expose le mariage de Drôpadi et dont le second retrace les revers d'Youdhichthira ruiné au jeu, l'in- sulte faite à la reine et le départ de ses cinq maris pour leur exil de douze ans au sein des forêts.

Cette œuvre date du XI e ou du XII e siècle : on l'attribue à Râdjasékhara, fils d'un premier ministre et précepteur du roi Mahendrapâla, de la race de Raghou ; ce poète, que ses con- temporains portaient aux nues, a laissé trois autres ouvrages : le Carpoûra-Mandjarî en prâcrit, un abrégé du Râmâyana et la Statue, sur laquelle nous reviendrons. De même que les tragiques grecs se nourrissaient des reliefs d'Homère, les poëmes épiques de l'Inde alimentaient les drames sanscrits, et l'on en peut mentionner un troisième très-court, la Victoire d'Ardjowna, dont Vyâsa avait fait également les frais. Écrit par Yatchârya ou docteur Gàntchana, fils du célèbre yoguiste Nârâyana, joué à la fin du XII e siècle par ordre de Djayadéva, roi de Canoge, il représente une série de combats, livrés à propos des troupeaux du roi Virata, que Carna et les fils de Gourou ont ravis et que le héros Ardjouna leur reprend. Une quatrième œuvre, dérivée du Mâhabhârata et de plu- sieurs Purânas, est Y Histoire a" Yayâti, par Roudradéva, poète du XIV e siècle, sur les tendres relations de ce prince, ancêtre commun des Pandàvas et des Corâvas, avec Sarmichthà, fille d'un roi des démons, et avec Dévayâni, fille d'un génie cé- leste, et sur les querelles acharnées de ces deux rivales. V'Ha- rivansa, espèce d'épilogue du Mâhabhârata, a fourni, au XVII e siècle et au XVIII e , la matière de deux pièces. La pre- mière, le Madhouraniroitddha, par le brahmane Tchandra-

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