Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/33

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de Tchandra-Goupta (le Sandracottus des Grecs), base de toute la chronologie indienne, nous sommes assurés que le Bouddhisme remonte à la fin du VIe siècle ou au commencement du Ve avant J.-C. Voici donc une des limites extrêmes de la littérature védique ; quant à l’autre limite, on l’avait placée jusqu’ici, d’après des conjectures ingénieuses, dix siècles plus tôt environ, c’est-à-dire dans le XVIe siècle avant J.-C. À ces hypothèses trop vagues, M. Müller a substitué des inductions, fondées sur une étude approfondie des diverses parties de la collection des Védas, et il est arrivé ainsi à une détermination bien plus rigoureuse et plus vraisemblable de l’âge du Rig-Véda. Ce respectable monument du génie de la race aryenne reste très-ancien ; mais il perd trois ou quatre siècles et se rapproche ainsi de la date des poëmes homériques.


III


On peut partager la littérature védique en quatre périodes successives : celles des tchandas ou hymnes, des mantras ou vers, des brâhmanas ou sentences, et des soûtras ou traités. La période des tchandas est celle où la religion n’avait encore rien d’artificiel, où les prêtres étaient les chefs des familles, où les sacrifices étaient offerts au nom de toute la tribu ; période qui d’ailleurs n’était nullement barbare, comme le prouve le style des morceaux qui en restent, et où la langue et la grammaire attestent une société déjà constituée et en voie de progrès. Mais pas de formes compliquées, pas de culte emblématique, peu de légendes ; des prières courtes et claires, telles qu’elles pouvaient s’échapper instantanément de l’âme du pontife improvisé, telles que devaient les répéter en chœur les pieux assistants. Il n’y a alors aucune tentative de hiérarchie religieuse : chaque dieu tour à tour est appelé le plus grand et le plus puissant des dieux ; chacun d’eux est