Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/43

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espèces de prophètes, chargés de recueillir des paroles descendues du ciel. Une multitude de types surnaturels y figurent, bien que des commentateurs indiens (assez modernes, il est vrai) aient prétendu les ramener à trois : le feu, l’air et le soleil ; triade très-peu analogue à celle de la foi brâhmanique, qui se composait de Brâhma, de Wishnou et de Siva. Les mille et quelques morceaux qui y sont rassemblés portent presque tous l’empreinte du caractère le plus religieux : la moitié à peu près en est consacrée à Indra, le maître du Swarga ou Olympe indien, et à Agni, le dieu du feu. L’autre moitié s’applique à des divinités diverses : Aditi (la nature), Soûrya (le soleil), les Maroutas (les nuages), Vayou (le vent), Roudra (l’orage), Yama (le dieu des morts), les Açwins (dieux jumeaux, semblables au Castor et au Pollux des Grecs), les Adityas ou Souras et les Dêtyas ou Asouras (bons et mauvais génies), Prithivi (espèce de Cybèle), Twachtri (autre Yulcain), Wiçwakarman, second Dédale, etc.

Souvent les phénomènes naturels y sont déifiés : au milieu de cette mythologie toute naturaliste, on rencontre quelques passages métaphysiques. L’açwamédha ou sacrifice du cheval y est célébré avec une pompe extrême ; les apothéoses humaines y sont rares. On cite celle des trois Ribhavas : Ribhou, Vibhwan et Vâdja, fils de Soudhanwan et descendants du sage Angiras ; poètes et artisans merveilleux, analogues aux Cyclopes, aux Telchines, aux Curètes et aux Dactyles de la théogonie héroïque de la Grèce. Les incarnations divines, sur lesquelles reposent les dogmes des Brahmes, n’y sont pas plus ordinaires ; mais les allégories y sont continuelles. C’est ainsi qu’à la manière des Prières dans l’Iliade, la Libéralité, la Voix sainte, l’Arbre de la science, l’Offrande, les Mortiers sacrés, les Saisons ou Ritous (au nombre de trois, puis de six), la Déclamation, l’Éloquence, l’Hymne, l’Invocation, le Vers lyrique, y sont honorés comme autant de dieux et de déesses. Le Soma surtout, cette liqueur qu’on extrayait d’une plante bénite, en la broyant dans des vases de