Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/56

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images ni simulacres : parmi eux, les sacrifices d’animaux étaient assez rares, sauf celui du cheval ou açwamédha. Ainsi que le Grec et le Latin, l’Aryen tirait des augures de la manière dont l’animal marchait ou se couchait, dont il buvait ou mangeait, dont ses membres étaient attachés. Un seul homme devait frapper la victime : on en mettait à part le cœur, la langue et la poitrine, et on les jetait dans le feu avec les pindas ou boulettes de riz et de beurre, tandis qu’un prêtre auxiliaire récitait des versets sacrés. Quant aux sacrifices humains, si les Phéniciens, les Carthaginois, les Gaulois les pratiquaient, si certaines peuplades sauvages s’y livrent encore maintenant, on ne s’étonnera pas qu’ils aient pu exister chez les Indiens du premier âge. On les appelait pourouchamédhas ; on croyait toucher particulièrement la Divinité en lui offrant ce qu’il pouvait y avoir de plus précieux pour les hommes : la vie de leurs frères.

Mais, à la louange de ces Hindous, dont la douceur était si grande qu’elle a dégénéré en une incurable mollesse, on doit ajouter que de tels holocaustes ne durèrent pas longtemps ; on les remplaça par des cérémonies allégoriques, comme celle que le savant Lassen a mentionnée d’après l’Yadjour-Véda. Cent quatre-vingts personnes des deux sexes, prises dans des tribus différentes, étaient liées au poteau du sacrifice : on chantait en chœur un hymne funèbre ; puis on les délivrait sans leur avoir fait le moindre mal, et on leur substituait des offrandes plus vulgaires. Par le progrès inévitable du temps et de la raison, on voit les fidèles des bords du Gange former peu à peu des souhaits moins matériels. Après avoir demandé au ciel des troupeaux féconds, des moissons productives, de riches trésors, des enfants nombreux, ils sollicitent la santé, une longue carrière, le succès dans leurs entreprises, le triomphe sur leurs ennemis, la puissance, la gloire, la vertu enfin et la récompense céleste. La protection des dieux devient leur recours familier dans toutes les épreuves de la vie : ils implorent leur pardon ; ils confessent