contenu, et il recommandait à ses meilleurs élèves de le vulgariser le plus possible. Trois d’entre eux, parmi les plus distingués, ont essayé de remplir ce programme : M. Théodore Pavie qui, en 4844, en a détaché huit fragments ; M. Foucaux qui, en 1862, en a interprété onze autres ; enfin M. Hippolyte Fauche qui, en 1863, avait entrepris une traduction de tout le Mahâbhârata , traduction qui devait avoir au moins seize volumes et que sa mort a interrompue. C’était là une tâche ingrate et bien méritoire ; car, ainsi que l’indiquait (dans son ouvrage sur le grammairien Pânini, publié à Londres en 1861) l’habile sanscritiste Goldstücker, qui s’était proposé de mettre en allemand ce poëme célèbre, il ne sera possible de le comprendre à fond et de le rendre exactement que quand on aura collationné beaucoup de manuscrits et étudié les scholies et gloses indigènes qui nous manquent encore presque toutes. M. Eichoff en 1860, M. Émile Burnouf en 1801, M. Monier Williams en 1863 lui avaient fait tour à tour d’heureux emprunts. Un peintre gracieux et élégant, qui partageait son temps entre l’art et l’érudition, M. Émile Wattier, qui nous donnait, en 1864, une version française du seizième livre de cette longue épopée (le Mausala-Parva), me paraît avoir émis une opinion très-raisonnable. Le mieux, selon lui, aurait été de dégager le corps immense de l’œuvre d’une multitude d’additions et d’interpolations qui le grossissent et l’embarrassent, et de n’en livrer au public que ce fond à peu près authentique et primitif, mais en revanche de l’éclairer perpétuellement par un commentaire minutieux sur la théologie, la métaphysique et la société hindoues, commentaire sans lequel la connaissance littérale du texte serait assez peu profitable. Un tel travail reste à faire, et il serait de nature à tenter le peu de savants qui sont capables de l’exécuter.
La première singularité de ce poëme, qui en compte tant d’autres, vient de son étendue même. Le texte princeps de Calcutta, partagé en dix -huit parvas ou livres, renferme