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Page:Souriau - Histoire du Parnasse, 1929.djvu/200

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HISTOIRE DU PARNASSE

Dans l’Intermède, la pièce À celle que je n’aime pas est curieusement rimée :


Ta nuque est de santal sous de vifs frisons d’or,
        Mais c’est une autre que j’adore !
Tes yeux de vermeil vert sont les coupables ciels
        Des amours artificielles, etc.


C’est joli, mais ce n’est pas neuf : dans ses Stalactites, Th. de Banville avait déjà eu cette idée :.


Tombez dans mon cœur, souvenirs confus,
        Du haut des branches touffues.


L’oiseau moqueur imite, dit-on, tous les chants des autres oiseaux, avec une telle perfection, qu’ils se taisent pour écouter celui qui chante si bien leur chanson. Pareil triomphe n’advient pas à Mendès. Il enrage. Il tâche à diminuer celui qui le relègue au second plan, et qui l’offusque : après avoir célébré, du vivant de Leconte de Lisle, sa libérale influence, son respect pour le talent d’autrui, il se rattrape après sa mort ; il accuse sa philosophie d’être dangereuse pour les jeunes hommes ; il reconnaît sans doute « sa noble discipline technique », mais il proteste contre sa tyrannie ; « il a été un guide et un conseiller redoutable. En ma déférente amitié, en ma religieuse admiration, j’ai pensé autrement jadis ; j’ai cru sincèrement que nos esprits restaient libres sous sa loi : je pense que je me trompais[1]. » Et voilà du coup Leconte de Lisle non plus le roi mais le tyran du Parnasse. Quant à l’initiateur véritable du mouvement parnassien, au chef intelligent, d’esprit large, il n’y a pas à le chercher bien loin[2] ! Il n’est pas jusqu’au Symbolisme lui-même qui ne soit un des rejetons de Mendès, car il procède des Histoires amoureuses ! « Qui m’eût dit qu’une école naîtrait d’une amusette[3] ? » Il n’y a qu’un mot qui serve : quel toupet !


  1. Rapport, p. 101, 102.
  2. Rapport, p. 112-113.
  3. Ibid., p. 153.