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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/121

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ANATOMIE, PHYSIOLOGIE ET PATHOLOGIE DE L’ENCEPHALE

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optiques entourés de leur gaine durale. C’est ce que ArisroTe, dont la doctrine sur les rapports de l’œil et de l’encéphale apparaît ici en quelque sorte à l’état naissant, a connu également, selon moi ; il désigne seulement les nerfs optiques par le mot rép : ou canaux, expression qui d’ALCMÉON à GaLitEN, et bien après encore, a servi à nommer les nerfs de sensibilité. Mais c’esl surtout dans le traité des Glandes ($ ro et 11), d’origine cnidienne (LiTTRÉ), qu’il convient d’étudier les idées d’’HiPPOCRATE sur la nature du cerveau.

On sait que, dans la doctrine hippocratique, les glandes sont chargées d’absorber et d’éliminer le superflu du liquide qui surabonde dans le corps. HiPPOCRATE compare le cerveau à une glande, non seulement quant à son aspect, mais pour : sa fonction : « Le cerveau est semblable à une glande (xrèv ἐγχέφαλον txshov 43ên) ; en effet, le cerveau est blanc, friable comme les glandes. » Ἡ rend à la tête les mêmes offices que ces organes : il délivre la tête de son humidité et renvoie aux extrémités le surplus provenant des flux. C’est même parce que le cerveau, à l’aise dans le large espace qu’est la tête, est une glande plus grosse que les autres, que « les cheveux sont plus longs que les autres poils », des aisselles ou des aines par exemple. La gravité des maladies que cette glande produit la distingue encore des autres glandes. Outre les sept catarrhes qui partent du cerveau, cet organe lui-même est exposé à deux affections selon que la matière retenue est âcre ou ne l’est pas : dans le premier cas, c’est l’apoplexie, avec convulsions généralisées et aphasie ; dans le second, le délire et les hallucinations. « Si l’encéphale est irrité (par l’âcreté des flux), il y a beaucoup de troubles, l’intelligence se dérange (6 νόος ἀφράίνει), le cerveau est pris de spasmes et convulse le corps tout entier ; parfois le patient ne parle pas ; il étouffe : cette affection se nomme apoplexie. D’autres fois le cerveau ne fait pas de fluxion âcre ; mais, arrivant en excès, elle y cause de la souffrance ; l’intelligence se trouble et le patient va et vient pensant et croyant autre chose que la réalité, et portant le caractère de la maladie dans des sourires moqueurs et des visions étranges (r). » En même temps que la doctrine de la nature froide et humide de l’encéphale, on rencontre chez les Hippocratistes la croyance, fort ancienne, également adoptée par AnisTorTe et élevée à l’état de dogme scientifique jusqu’à la fin du xvinr° siècle, des rapports du sang avec l’intelligence. « Selon moi, dit l’auteur du traité des Vents ($ 14), de tout ce que renferme le corps, rien ne concourt plus à l’intelligence que le sang, undèy eva μᾶλλον (1) Œuvres, éd. Lrrrré, vu, 565. Cf. Franz Sparr. Die geschichtliche Entwickelung der sogenannten flippokratischen Medicin im Lichte der neuesten Forschung. Berlin, 1897.